Abolir la
myriade d'obstacles à l'entrepreneuriat des femmes africaines doit être une
priorité sur un continent où le nombre de pauvres continue de progresser,
estime Kristalina Georgieva, la directrice générale de la Banque mondiale dans
un entretien accordé à l'AFP.
"Nous
savons que les femmes en Afrique sont davantage susceptibles de devenir
entrepreneures mais elles sont aussi confrontées à bien plus d'obstacles que
les hommes pour créer et diriger leurs entreprises", explique-t-elle à la
veille de la tenue du premier sommet sur le financement de l'entrepreneuriat
féminin (We-Fi) en Afrique de l'ouest.
"Le but de
ce sommet est de galvaniser les réformes de politiques publiques et l'action du
secteur privé pour promouvoir l'entrepreneuriat des femmes en Afrique de l'ouest",
poursuit-elle, soulignant qu'une fois lancées elles avaient tendance à réussir
mieux qu'ailleurs.
Les obstacles
sont pour l'heure nombreux: barrières légales qui interdisent l'accès des
femmes à certains emplois, barrières culturelles, difficultés à être prises au
sérieux quand elles n'ont pas été à l'école, et surtout difficultés à obtenir
un prêt des banques. Or sans accès à des fonds, il est quasiment impossible de
lancer son entreprise.
Dans sa tâche,
Mme Georgieva est épaulée par la conseillère et fille du président américain,
Ivanka Trump.
-
"Agissons" -
Le sommet, qui
se tient en Côté d'Ivoire, va réunir des dirigeants des banques de
développement, des responsables du secteur privé et des femmes entrepreneures
pour discuter de la manière de soutenir l'entrepreneuriat des femmes
africaines.
"Il est
question de supprimer toutes les barrières que rencontrent les femmes",
insiste Kristalina Georgieva.
L'un des enjeux
est de faciliter l'accès aux technologies alors que les femmes africaines sont
moins nombreuses que les hommes à détenir un téléphone portable (9% de moins)
et elles sont encore moins à utiliser internet (48%), souligne-t-elle.
La Banque
mondiale et le Fonds monétaire international martèlent depuis longtemps que
l'intégration des femmes dans les économies crée des emplois, améliore le
niveau de vie, dynamise la croissance d'un pays et contribue à la paix et la
prospérité d'un pays.
En Afrique,
"agissons", "il est urgent de se concentrer sur ce qui est
essentiel" telle que les femmes, estime la numéro 2 du Fonds, d'autant que
la pauvreté continue de faire des ravages.
En 25 ans, le
taux d'extrême pauvreté est passé de 36% à 10% dans le monde, et de 54 à 41% en
Afrique subsaharienne.
Mais dans cette
région, le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté "a quasiment
doublé", a rappelé Kristalina Georgieva, passant de 278 millions en 1990 à
413 millions en 2015 en raison de l'accroissement rapide de la population.
Alors que le
taux moyen de pauvreté était de 13% en 2015 dans les autres régions, il se
maintenait à environ 41% en Afrique subsaharienne.
Plus de la
moitié des pauvres sont dans cette région. Ils pourraient atteindre 87% d'ici
2030. L'Afrique compte 26 des 27 pays les plus pauvres au monde.
(source AFP)
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